François Carrière de Glencoe

Les œuvres de François Carrière de Glencoe

• 2023 - Le Cri - 50 X 50 François Carrière de Glencoe https://www.i-cac.fr/upload/medias/carriere-francois/cfc45fc97d8c1f33aa45ac62a8f53906dc1e9735.jpg Techniques mixtes Le Cri naît d’un geste pictural abrupt, presque instinctif, où la matière s’impose avant l’image. Le couteau trace, lacère, ouvre des brèches dans la toile comme pour laisser jaillir une voix que la peinture seule peut contenir. Ce cri n’est pas celui d’une figure représentée, mais d’une tension, d’une vibration qui traverse la surface. L’œuvre s’inscrit dans une recherche où l’abstraction ne cherche pas à fuir le réel, mais à lui donner une densité autre. Ici, la couleur devient souffle, la texture se fait chair, et l’espace pictural résonne comme une caisse de résonance intime. L’artiste ne montre pas un cri : il le fait advenir, en suspendant le spectateur au bord de cette onde de choc silencieuse. Par cette peinture, il ne s’agit pas d’illustrer la douleur, la révolte ou l’angoisse, mais de rendre perceptible l’énergie brute de ce moment où l’intérieur bascule vers l’extérieur. Le cri comme passage, comme arrachement, comme trace vive d’un corps qui résiste à l’effacement.
• 2023 - Panic in Detroit - 100 X 100 François Carrière de Glencoe https://www.i-cac.fr/upload/medias/carriere-francois/6697c95560c17accd375ecb1a3a8fd945a374e5d.jpg Café, acrylique, encres soufflées  Si cette œuvre emprunte son titre à la pop star David Bowie, elle puise son souffle dans Wollt ihr das Bett in Flammen sehen ? (Voulez-vous voir le lit en flammes ?) du groupe métal allemand Rammstein — chanson-manifeste où le lit devient champ de bataille, théâtre de sexe et de feu.  La toile évoque une ville en ruines, consumée par une passion destructrice. Les façades, faites de carton ondulé, sont des lits en flammes, percés, criblés. Le ciel écarlate, saturé, hurle la violence des combats — amoureux, intérieurs, collectifs. Pensée comme un exutoire pictural, cette œuvre explore la fonction cathartique de l’art, dans la lignée des spectacles tragiques de la Grèce antique.
• 2024 - 01 - M. BIDHAN - 80x60 François Carrière de Glencoe https://www.i-cac.fr/upload/medias/carriere-francois/df883875aed471e53949dba98efcd2d491ae83d5.jpg Acrylique, café, encres et gesso sur toile coton Inspirée par un portrait du photographe Zani Erberto, cette toile rend hommage aux victimes de vitriolage, agressions fréquentes en Inde et au Bangladesh. Elle ne cherche pas à susciter la pitié, mais à confronter le visiteur au regard nu d’un survivant : droit, hypnotique, empreint de résilience. Le travail au couteau scarifie la matière, évoquant cicatrices et stigmates, avant de les recouvrir de lumière. Cette œuvre marque un tournant dans la recherche picturale de l’artiste : la peau disparaît peu à peu, au profit d’une quête plus intime, celle de révéler l’être au-delà de son enveloppe.
• 2024 - Amours Déliquescentes - 100 X 50 François Carrière de Glencoe https://www.i-cac.fr/upload/medias/carriere-francois/a67b099e2810db78e826481bd970214ade258495.jpg Acrylique, café, encres, collages Cette toile naît à la croisée de l’intime et du collectif. Elle évoque à la fois la mémoire des épidémies — du SIDA au Covid — et une quête picturale où les corps, les genres et les matières se dissolvent. L’arrière-plan présente une figure androgyne, partagée entre féminin et masculin, dont les chairs peintes et collées autour de l’œil semblent révéler l’intérieur, au-delà de la peau. Au premier plan, le couple se délite, traversé de coulées de café et d’encres, rappelant à la fois les ravages du temps, la fragilité des sentiments et l’inéluctable altération des corps. Inspirée par le souvenir des stigmates laissés par le sarcome de Kaposi sur le visage d’un proche, l’œuvre fait écho à une mémoire intime autant qu’universelle : celle des amours blessées, des existences fragilisées, des liens menacés par la maladie. Entre sensualité et décomposition, cette peinture interroge la persistance des affects : « Avec le temps, va, tout s’en va… » — mais peut-être aussi tout se transforme.
• 07 - L'envol des coquelicots - 03-2024 - 60 X 80 (1).jpg François Carrière de Glencoe https://www.i-cac.fr/upload/medias/carriere-francois/3c180555cb747931b8673f23cc00284d647bfc42.jpg Acrylique sur toile   Inspirée à la fois par une photographie de Francis Granet et par l’univers de Van Gogh, cette toile explore le pouvoir de la couleur comme langage de l’émotion. Ici, les jaunes éclatants se heurtent aux rouges intenses, transformant le champ en un espace vibrant, traversé de lumière et d’énergie. L’ombre du « Champ de blé aux corbeaux » se trouve détournée vers une vision plus solaire, où la nature garde sa part de joie malgré les chaos.  Réalisée en une seule séance, dans un climat volontairement inconfortable propice à la création, l’œuvre se nourrit de cette tension : entre douleur physique, immersion musicale et geste libérateur. Le couteau, outil tranchant, sculpte la matière picturale, donnant au tableau sa densité organique et son mouvement jaillissant.  Ni hommage figé, ni simple variation, L’Envol des Coquelicots est une interprétation d’interprétations, une lecture intime de ce que Van Gogh transmet : une rencontre fragile entre désespoir et lumière, entre inquiétude et espérance.  Au dos de la toile, quelques vers composés par l’artiste accompagnent la peinture, rappelant que, comme les coquelicots effarouchés qui s’élancent dans le ciel d’ambre, nos émotions et nos certitudes tiennent parfois à un souffle.
• 2024 - La tumeur de l'Obscur - 100 X 100 François Carrière de Glencoe https://www.i-cac.fr/upload/medias/carriere-francois/94c2e42552f94731e3295752a7c91023d527d22f.jpg Acrylique et techniques mixtes Cette toile, chargée d’histoire humaine et de métaphysique, dépasse la simple image d’un « diable en flammes ».  Elle évoque Bertrand, ami amoureux du feu crépitant dans l’âtre de sa cheminée bien que marqué par deux incendies dont l’un a causé une tragédie humaine. Ce même feu, métaphore poignante, s’incarne aussi dans la tumeur au cerveau qu’il combat par irradiation, un feu intérieur qui le consume jusqu’à son départ.  L’Obscur fait référence à Héraclite, philosophe grec du changement perpétuel, pour qui le feu est principe premier et ultime, toujours vivant, symbole du mouvement incessant de l’être en ce monde.  Un hommage à la vie et à la transformation, où tout se crée et se défait dans la flamme du devenir.
• 2024-25 - Le fruit béni de vos entrailles - 100 X 100 François Carrière de Glencoe https://www.i-cac.fr/upload/medias/carriere-de-glencoe-francois/539a1f41e3329758c9414a749a36fbff7c8f5f69.jpg Techniques mixtes La toile est une illusion : il ne s’agit plus ici de peinture, mais d’une création plastique, presque chirurgicale. Au cœur de cette matière surgit un embryon, figé dans les circonvolutions d’un gros intestin modelé en mousse extrudée. Des sacs plastiques chauffés, étirés en brides, lient les anses coliques entre elles, maintenant le fœtus à sa place : captif, suspendu, dans une gestation d’ombre. Le crâne du nourrisson est orné de points d’or et d’argent, figures neuronales reliées par des axones de peinture. Le reste du corps, réduit à l’état squelettique, semble à la fois naître et pourrir dans l’antre de cette matière. Ici, l’œuvre s’inspire d’une vision ancienne, tragiquement belle : celle des Cathares — ou Albigeois pour leurs bourreaux — qui voyaient dans le monde matériel la manifestation même de l’Enfer. Pour eux, exister, c’était chuter. Mais traverser la matière, c’était peut-être aussi la seule voie d’accès à la Lumière. Ce fruit des entrailles n’est pas une promesse naïve. Il est ce que Mani appelait déjà le passage: une incarnation douloureuse, impure, mais nécessaire. Il faut naître du ventre du mal pour espérer un jour entrevoir la Terre Pure.
• 2024 - RED RIGHT HAND - 100 X 100 François Carrière de Glencoe https://www.i-cac.fr/upload/medias/carriere-de-glencoe-francois/c824b5c10db6a9085f949a37a24930850c2fb0fc.jpg Techniques mixtes sur toile coton – 100 x 100 cm  Cette toile marque un tournant dans le traitement émotionnel de l’image maternelle, après une psychothérapie post-dépression et un cheminement spirituel intense.  Mêlant collages de photos et de tissus, gesso, café, aérosols, encres et acryliques, Red Right Hand se construit dans une saturation de rouge, comme un cri intérieur. La matière y est travaillée à la limite de l’explosion, et chaque technique s’y charge d’un rôle symbolique. En son centre, une Vierge à l’enfant domine deux bougies, évoquant à la fois la douceur de l’innocence et la violence de l’incendie de Notre-Dame. Un squelette-pompier, posé devant l’ombre des arcs-boutants de la cathédrale, témoigne d’un surgissement inconscient, venu du fond de la mémoire.  À cela s’ajoutent des morceaux de serpillière dorée – allusion directe à l’obsession maternelle de la propreté – et une forme ovoïde, matrice sèche, suspendue dans une attente stérile. En haut à droite, des lamas tibétains, eux aussi engloutis dans la marée rouge, symbolisent une foi abandonnée : la mienne, déliée de tout dogme, ancrée désormais dans une pratique bouddhiste directe.  Cette scène est moins un règlement de comptes qu’un exorcisme, un théâtre de l’effondrement nécessaire pour qu’advienne un espace nouveau.
• 2025-01-There IS a life on Mars - 30 X 60 François Carrière de Glencoe https://www.i-cac.fr/upload/medias/carriere-de-glencoe-francois/63941fc82e5cc4983575f1056b6482f601395763.jpg (Il y a de la vie sur Mars !)Acrylique sur toile coton  En écho à la chanson culte de David Bowie, cette toile déploie un paysage rouge fragmenté, traversé de silhouettes de bouleaux. Ces arbres, que Bowie affectionnait particulièrement, évoquent ici les multiples personnages qu’il a incarnés au fil du temps — autant de métamorphoses, de peaux successives.  Derrière une composition volontairement simple se déploie une densité symbolique : chaque bouleau devient la métaphore d’une période musicale, d’un rythme, d’une voix. Ensemble, ils composent une forêt à la fois dense et perméable, dans laquelle l’œil circule librement, d’un arbre à l’autre, d’une chanson à la suivante.  Une errance poétique sur une Mars imaginaire, habitée d’échos, de souvenirs et de fictions sonores.
• 2023/25- You are WHO you eat - 80 X 40 François Carrière de Glencoe https://www.i-cac.fr/upload/medias/carriere-de-glencoe-francois/f698ecc22d61f8056878f2fb1a1c4452fddb415c.jpg Acrylique sur coton, 80 × 40 cm Conçue d’abord comme une nature morte hyperréaliste — une pièce de viande rappelant la fragilité de toute vie animale et la violence du geste de consommation —, l’œuvre s’est progressivement métamorphosée. Dans la saturation rouge de la matière, une figure a émergé : non plus seulement la chair offerte au regard, mais un visage christique, au paroxysme de la Passion. Le sang devient peinture, la chair devient langage, la couronne d’épines, cerclée d’or, marque la rencontre entre sacrifice et transcendance.  L’image fait dialoguer plusieurs héritages spirituels : d’un côté, le christianisme, où le corps offert en nourriture devient symbole du salut ; de l’autre, le bouddhisme, qui invite à reconnaître en tout être sensible la même capacité à souffrir et, par-là, à cultiver la compassion. Le regard contemporain du véganisme s’y ajoute comme une éthique de refus, une tentative de réconciliation entre vie et vie, chair et chair, sans hiérarchie imposée.  Ainsi, l’œuvre ne montre pas seulement un morceau de viande, mais une interrogation : à travers ce que nous mangeons, quelle part de nous-mêmes consentons-nous à sacrifier ? La table devient autel, le geste quotidien se fait rituel, et l’ombre d’un choix éthique se dresse entre consumation et communion.
• 2025-03-Jeanne-50 X 50 François Carrière de Glencoe https://www.i-cac.fr/upload/medias/carriere-de-glencoe-francois/596fbbc46df1f15f44e211f56eadcfc35a42be23.jpg Acrylique, encres, feuille d’or sur toile coton - 50 × 50 cm Conçue comme une icône, la toile reprend les codes de la tradition byzantine : auréole d’or, frontalité, hiératisme. Mais ici, la figure sacrée est détournée. Jeanne d’Arc s’avance, suivie d’une armée aux boucliers rouges et or, éclaboussés de sang. L’auréole ne protège plus : elle éclaire au contraire la part sombre d’une chrétienté façonnée par la guerre et les croisades intérieures. Représentée de manière moderne, presque pop, Jeanne arbore des épaules larges et un visage androgyne. Ni pucelle immaculée, ni héroïne figée, elle devient une figure ambivalente, entre fragilité et puissance. L’œuvre dépasse alors l’esthétique : elle interroge la fabrication des mythes et leur récupération politique ou religieuse. Symbole réinventé au fil des siècles, Jeanne cristallise autant la ferveur que l’idéologie, autant l’idéalisation que la violence. En confrontant cette auréole dorée à l’éclaboussure sanglante, la toile rappelle que la sainteté elle-même peut être instrumentalisée. L’image de Jeanne se déploie ici comme un miroir critique : au lieu d’un emblème univoque, elle ouvre à une pluralité de regards, entre mémoire, foi et pouvoir.

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